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l'aménagement d'une classe

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Message par Carole Mer 29 Nov 2006 - 7:43

Les coins à l’école maternelle


1. Des coins : pourquoi ?

Pour créer un espace « transitionnel » (Winnicot, Jeu et Réalité.) entre la maison et l’école élémentaire pour faciliter le passage du statut d’enfant au statut d’élève .

Cf Winnicot : qu’est ce qu’un espace transitionnel ? Espace de passage entre la réalité intérieure du nourrisson et la réalité extérieure, aménagé par la mère pour rompre avec l’état fusionnel et faire entrer l’enfant dans son monde mais sans opérer de rupture dans « son sentiment de la continuité d’être » qui pourrait arrêter le processus de maturation et fermer l’enfant à un avenir créateur.

Cet aménagement exige la présence d’ « objets transitionnels » (Winnicot : De la pédiatrie à la psychanalyse, P.B Payot, 1980 ), ou « mamaïsés » dit Dolto ( Au jeu du désir, seuil, 1981) par l’interaction ludique et langagière mère-enfant, porteurs de la présence virtuelle de la mère et de tout ce qui symbolise la situation sécurisante connue (cf. le « doudou »). Cet espace est indispensable à l’adaptation de l’enfant à la réalité – il crée en particulier de repères spatio-temporels à sa mesure, des situations de jeux « familières » - en même temps qu’à la construction de son identité. Il permet à tous les E de faire quelque chose et d’apprendre.

« La création d’une aire transitionnelle est une condition nécessaire pour permettre à un individu, à un groupe, de retrouver sa confiance dans sa propre continuité, dans sa capacité d’établir des liens entre lui-même, le monde , les autres ; dans sa faculté de jouer, de symboliser, de penser et de créer » (D. Anzieu, Le corps de l’œuvre, Gallimard, 1981)

2. Comment fonctionnent-ils ? A quelles conditions fonctionnent-ils de façon pédagogique ?

- Les coins sont un moyen pédagogique pour le maître :

(a) Pour évaluer : ce sont des lieux d’activités autonomes pour élèves où ils répètent et utilisent des comportements/connaissances (plus ou moins) connues, assimilées : le M peut donc y évaluer des acquis et/ou des apprentissages déjà effectués.
(b) Ils permettent de donner de la souplesse dans la conduite de la classe par atelier : différencier l’aide, permettre aux plus lents de finir. Cependant : les coins ne doivent pas devenir des moyens d’occuper ceux qui finissent plus vite et pour cela avoir une place dans l’emploi du temps.
(c) Ils peuvent être l’occasion de mettre en œuvre un projet
(d) Ils peuvent être des supports d’activités dirigées  qui précèdent (et préparent) ou suivent (et exploitent) des activités autonomes qui deviennent peuvent alors devenir des moyens d’évaluation sommative ou diagnostic.

- Mais pour fonctionner pédagogiquement il y a des conditions :

(a) Ils doivent être conçus, préparés et évalués de façon rigoureuse :
-en fonctions d’ objectifs ( qu’est-ce que je veux que les E y fassent)
- de moyens cohérents avec les objectifs : quels objets et pour quoi faire, comment les disposer ? quand les mettre dans le coins ? combien d’enfants pourront y aller ? comment le faire utiliser ?
- des modalités d’évaluation ; les élèves ont-ils fait ce que je visais ?

(b) Ils doivent être à double face 
→ D’une part : ils sont « regressifs » et symbolisent la relation à la situation maternante/sécurisante et permettent à l’E d’extérioriser sa réalité intérieure pour l’adapter au monde réel des choses et des autres.(» assimilation) : partir de ce qu’il connaît Le coin est donc peuplé d’objets « familiers », qui rappellent à l’enfant son monde de petit, à la maison, en famille (objets de la cuisine, de la chambre ; objets rappellent le monde de la petite enfance : jeux d’eau, de manipulation de matières ou d’objets rigides, etc.) et qui permettent une reconnaissance ( de soi, de son monde) et une forme de répétition sous forme de reproduction de comportements, d’actions (assimilation) ; ils assurent ainsi une continuité d’être qui rassure et permet d’aller plus loin, vers le monde de grands.

→ D’autre part : ils doivent être « promotionnants » (Dolto), en obligeant l’enfant à adapter ses schèmes, ses désirs, à une réalité extérieure, et à les faire évoluer pour cela (» accommodation)
ces objets familiers doivent donc induire une activité promotionnante, inventive et créative çàd conduire les E en zone proximale  qui initie à des apprentissages nouveaux, à une vie nouvelle: avoir à utiliser des objets/comportements connus (ou moins connus) mais d’une manière inhabituelle ou seulement observée et non pratiquée (mettre la table, coucher le bébé, repasser, etc.), et socialisée (jeux à deux ou trois) : il fait « comme si » la poupée était un bébé, et Julien le papa, etc., (= jeu symbolique) et « comme » papa, maman, son frère, son maître, etc. ( =jeu d’imitation en particulier des figures parentales). Ces jeux sollicitent à la fois l’imaginaire et l’intelligence, l’affectivité et la raison.

(c) ce sont des espaces découpés, clos et identifiables comme appartenant à des classes connues/repérables (objets de chambre, de bibliothèque, de boulangerie, etc.)  :
- suffisamment fermé sur l’extérieur pour permettre un isolement, un retour et un recours et un retour à soi, l’absence de l’adulte mais ouvert au regard et à l’oreille du maître pour ne pas y être comme abandonné.
- Suffisamment grand pour y agir à 2 ou 3, mais suffisamment petit pour se sentir protégé et non livré à un espace incontrôlable « dévorant » à cause de sa taille et/ou du nombre d’enfants
- où ne se mêlent pas plusieurs coins et plusieurs classes d’objets.

Quels objectifs peuvent être visés ?

* comportemnts de Jeux symboliques et jeux d’imitation compris par les psychologues/psychiatres comme les moyens de bases du développement intellectuel et affectif (cf le propos précédent)
* les coins sont des « classes » d’objets qui sont « ordonnés » : pour que les E y jouent, cela exige des comportements symboliques (d’abord non-conscients) logico-mathématiques (classer et ordonner), dénombrement, correspondance terme à terme, et aussi des représentations (même élémentaires) spatiales et temporelles (objets à classer, mettre la table, ranger les casseroles par ordre de grandeur, les couverts par classes ; jouer aux dames, aux petits chevaux, etc.)
*les coins peuvent être aussi des lieux de manipulation et ( schèmes de bases de leur intelligence) qui favorisent la mise en œuvre de gestes moteurs et de coordinations motrices  : moulinettes, pinces à linge, robinet, etc.)
* les coins favorisent l’apprentissage de comportements sociaux et langagiers : les jeux prévus exigent des échanges et des négociations, des désignations d’objets, d’actions, etc. Çàd différentes fonctions du langage. Et aussi le rapport aux livres et à l’écrit
* Construire des compétences à l’autorégulation : apprendre à organiser son activité par rapport à un but et en fonction de données (les objets, leur disposition….), à la mener au bout et à l’évaluer (mais si aide du M, cf. plus loin)
* développer « esprit scientifique » (faire des hypothèses, poser des problèmes, vérifier, évaluer déduire, comparer, etc.) de concepts scientifiques : dans des coins « nature », coin élevage/anima, coin eau, coin bricolage, coins marchand (balance), etc. (®conservation de volume, de substance, de poids de longueur, identification de matériaux différents, de propriétés différentes, etc.)
*développer l’imaginaire : coin sorcière, maison fermée, jeux de construction, etc.
* les coins favorisent l’apprentissage des mœurs et « habitus » de leur culture (cuisine, chambre, jeux de société, etc.)

quelles conditions d’usage des coins :

- Le M doit apprendre aux élèves à y jouer, il aide les enfants à s’en servir : des consignes seront données au début, puis rappelées et/ou modifiées, ; le M va jouer avec les enfants – ce qui lui permet une tutelle/aide langagière +observation/évaluation puis remédiation.

- le M alternera présence/absence dans les coins, situations dirigées ou semi dirigées/ situations en autonomie

- le M fera une évaluation de manière régulière
-- pour lui, pour faire un bilan / aux objectifs et envisager remédiation/modification du coin
-- pour les enfants : leur faire verbaliser leurs activités, les objets utilisés, la manière de le faire, avec qui, etc. ; il faut éviter de laisser les E dans le silence des activités manipulatoires les aider à choisir des buts à atteindre, à prendre conscience de ce qu’ils font, les aider à en être « auto-évaluateur », à le comparer aux autres, collectivement (tapis) ou en petit groupe, chacun étant invité et aidé à expliciter le but visé dans leur activité, comment il procède, les difficultés, pour que tous progressent dans leur activité dans les coins mais aussi dans l’habitude de l’autoévaluation-régulation et dans l’attitude de projet essentielles aux apprentissages.,

-Le M en profitera pour proposer des évolutions dans les activités ou d’autres activités.

-Le M fera évoluer le coin sur l’année en changeant les objets, en incitant à des utilisations différentes, en en supprimant pour un autre : le coin n’est pas une vitrine, les enfants grandissent, ils apprennent. Le coin ne doit pas être une vitrine et un lieu de simple régression où on répète toute l’année la même chose : il doit rester en zone proximale çàd provoquer une recherche (avec problématisation de l’activité, des buts, prise de risque, évaluation et utilisation des erreurs) pour construire des compétences nouvelles et répondre aux exigences du coin et aux objectifs du M..

-Le coins doit être conçu en fonction de l’âge des élèves et de leur connaissance préalables (coin « épicerie » à des enfants d’aujourd’hui, coin cuisine ou marchand pour des TPS, etc…) ▪ du nombre d’enfants, ▪ du bruit (consignes) ▪ de la quantité (suffisante pour le nombre d’E) et de la qualité du materiel (pas de poupée chauve ou d’ours borgne) ▪ de la cohérence de objets : pas d’assiettes de dînettes pour des tables d’adultes ; ce n’est pas un « bric à brac » ▪ de l’espace ( un grand coin vaut souvent mieux que deux petits)

-l’usage des coins doit être inscrite dans l’emploi du temps (et pratiquée par tous)

-Il faut prévoir sa « mise en service » : soit progressivement avec verbalisation/évaluation régulières, soit d’un coup et avec consignes et aide du M, soit par la participation des enfants à l’organisation du coin.

Pourquoi un coin ne fonctionne t-il pas ?

■ mal conçu : pas assez de matériel ■ pas adapté à l’age, aux connaissances du monde des E (une « épicerie ») ■ espace trop petit, trop ouvert, ou trop fermé ■ coins mélangés ■ coin qui n’évolue pas ■ les E ne savent pas se servir des objets ■ le M ne montre pas son intérêt ■ matériel désuet ou abîmé ;

=> dans de bonnes conditions et seulement dans ce cas : Les coins favorisent donc l’entrée des enfants dans leur culture, dans le monde social, dans les apprentissages constructeurs de leur identité intellectuelle, sociale et affective. Il facilitent le passage vers leur statut d’élève.
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